13 nov. 2013

Attendons les résultats maintenant !
Quand on veut s'inscrire dans une université américaine, après avoir effectué ses études à l'étranger dans un pays dont l'anglais n'est pas la langue enseignée, on a grosso modo le choix entre l'examen du TOEFL iBT et l'IELTS, deux examens destinés à évaluer notre niveau de maîtrise de la langue anglaise. J'ai choisi le TOEFL iBT sans vraiment réfléchir, étant plus habituée à l'accent et au vocabulaire américains, à force de voyager aux États-Unis et de regarder des séries comme The Big Bang Theory et The Simpsons en version originale non sous-titrée. Donc je me suis inscrite il y a quelques semaines pour la session du 9 novembre 2013.


Préparation au TOEFL iBT

Pendant 3 semaines, je me suis préparée avec :
  • une app sur mon iPad mini que j'avais téléchargée gratuitement il y a plusieurs mois mais normalement payante : heureusement que je n'ai rien dépensé pour cette app, car elle est trop sommaire. Les conseils sont avisés mais basiques, les exemples trop simples, et le test en blanc ne peut être fait qu'une seule fois (une seule version disponible) et les textes à lire sont bien moins complexes que ceux du vrai test.
  • une app sur mon iPhone avec des questions à choix multiple de vocabulaire, censée aider à préparer au test. Le vocabulaire est relativement avancé, donc l'exercice est assez utile. Mais cette app souffre de gros bugs incessants et comporte des erreurs regrettables de frappe un peu partout. Comme c'est une app gratuite, j'imagine qu'il ne fallait pas s'attendre à des miracles non plus.
  • une app pour me constituer des cartes flash sur mon iPhone, que je consultais dès que j'avais quelques minutes, dans le train, le bus, à la maison... Très pratique, avec un design simple et efficace, sans publicité.
  • le roman The Husband's Secret de Liane Moriarty, que j'ai dévoré sur ma nouvelle liseuse. Une écriture souple et dense, des personnages très vivants et un vocabulaire suffisamment intéressant pour qu'il me serve à quelque chose, tout en me divertissant. Mais j'aurais peut-être pu opter pour un écrivain américain plutôt qu'australien...
  • une dictionnaire français-anglais, toujours sur iPhone, qui m'a permis de me familiariser avec les mots que je ne comprenais pas au gré de la lecture précitée. Indispensable, même si le côté un peu trop British de ce dictionnaire pouvait être parfois gênant.
  • les vidéos de préparation au TOEFL iBT d'un enseignant américain sur Youtube, qui m'ont été probablement les plus utiles pour me préparer mentalement à ce qui allait être demandé au test. J'avais téléchargé les vidéos en .avi pour les visionner durant mes trajets et mes pauses de midi. L'enseignant parle d'une voix claire, ses slides sont sobres, bien organisés, et il y fournit plein de précieux conseils.

Le jour du test

Samedi 9 novembre 2013. Je me lève à 6 heures tapantes, je prends vite mon petit-déjeuner avec à Mini-Klerelo 1 (2 ans au compteur), qui me réclame des figues séchées comme des bonbons. Je me dépêche de prendre mon train, puis un deuxième pour Genève. Dans le train, pendant une demie heure, je révise encore un peu mon vocabulaire, même si je sais que cela ne me servira à rien en réalité. Après un trajet en bus d'environ 10 minutes, j'arrive enfin sur le lieu de l'examen, dans les locaux de l'école LinguaViva à l'avenue Blanc, qui prodigue des cours de langues aux adultes.

Il est 8 heures 30, l'heure à laquelle on nous a demandé d'arriver. A l'entrée, dans le couloir, un jeune homme distribue des feuilles qu'il faut remplir avec son nom et un paragraphe à recopier plein de mots très solennels pour jurer que l'on ne divulguera aucune question d'examen. Je m'installe dans une salle de cours bourrée de monde. Pour être exacte, ce sont presque tous des étudiants entre 18 et 30 ans, plutôt proprets sur eux, la mèche bien peignée, des jeunes de bonne famille. D'ailleurs, il y en a même un qui est venu avec sa maman.

A 9 heures, qui est l'heure indiquée comme étant celle du début du test, il ne se passe rien. Tout le monde attend bien sagement que quelqu'un veuille bien nous expliquer où aller et quoi faire. Il y a des groupes qui se connaissent, on les entend commenter leur préparation au test. Je remarque assez vite un monsieur bedonnant aux cheveux gris et dégarnis, qui fait des allers-retours dans le couloir, le téléphone vissé à l'oreille. Je suis assise, je bois quelques gorgées d'eau, le regard dans le vide.

A 9h25, le monsieur bedonnant vient nous dire d'attendre "a few minutes", avec un très gros accent, pas américain du tout. Il y a comme un flottement dans la salle. Par moments, personne n'ose parler. Et pourtant, nous devons être plus de cinquante.

A 9h40, il revient pour nous dire que vraiment, cette fois c'est bon, ils ont un petit souci mais ce sera rétablir "in a few minutes". J'échange quelques mots avec ma voisine de table, une jeune fille encore au Lycée à Annemasse, qui vient passer le TOEFL au cas où cela ne devait pas marcher à l'école de médecine où elle s'est inscrite.

A 10h10,  certains commencent à s'impatienter, à trépigner et à hausser le ton. Je me rends vite aux toilettes. Comment passer un tel test l'estomac creux, tout en se concentrant au maximum, pendant 4 heures ? Le monsieur bedonnant est toujours au téléphone. Apparemment, il y a un problème technique assez sérieux.

Mais heureusement, à 10h15, le monsieur bedonnant vient appeler trois premières personnes, qui se lèvent aussitôt, toutes contentes. C'est le soulagement, le test va enfin pouvoir commencer.Une fille explique qu'ils doivent prendre la photo de chaque participant avant de pouvoir commencer. Mais la joie est de courte durée.

A 10h35, le monsieur bedonnant vient rappeler seulement 1-2 personnes. Au rythme où cela progresse, les derniers auront commencé le test à la fin de la journée ! De plus en plus de monde se lève pour se renseigner auprès du personnel, un peu débordé. Ce sont trois jeunes hommes qui n'en savent guère plus que nous et qui ne peuvent pas nous assurer que l'on pourra passer le test. Un jeune homme, tout paniqué, indique qu'il doit prendre l'avion dans l'après-midi. On nous dit de ne prendre que notre pièce d'identité et de tout laisser dans la salle. Mais on peut prendre son téléphone avec soi s'il est éteint (je n'ai pas compris pourquoi).

A 10h50, ils installent une table au milieu du couloir. L'appel est déjà plus rapide. Il semble que certains ont pu commencer le test sans problème. Je croise juste les doigts en espérant être appelée rapidement. Il fait froid dans le couloir. Je prends ma grosse veste d'hiver, d'autres s'emmitouflent dans leur écharpe. De plus en plus de monde est agglutiné dans le couloir. Une dizaine de personnes seulement a pu commencer le test. Plusieurs demandent si un "rescheduling" est possible. Apparemment pas. La colère gronde de plus en plus fort.

A 11h15, enfin j'entends mon nom, je n'ai jamais été aussi contente de ma vie de commencer un examen ! Je tends mon passeport. On me prend en photo, on me montre mon poste, tout près de la fenêtre entre deux courants d'air glaciaux. J'ai droit à 2 feuilles et à un minuscule crayon pour prendre des notes. Je mets mon casque sur les oreilles. Et hop, c'est parti mon kiki !

A 11h40, j'entends un brouhaha. Un membre du personnel vient annoncer que le test est suspendu. Tout le monde se plaint que leur ordinateur s'est bloqué. Pas le mien. Apparemment, je suis une des seules chez qui tout fonctionne correctement. Les gens vont et viennent, parlent haut et fort, il est vraiment très difficile de se concentrer sur les textes que j'ai devant les yeux, qui touchent à des domaines aussi variés que la peinture au XVIIème siècle, l'économie chinoise au temps des Song et l'apparition des premiers tétrapodes.

J'essaie de prendre des notes mais la mine de mon minuscule crayon est usée en moins d'une heure. Pas de taille-crayon, bien sûr. Et je n'ai presque plus de place où écrire.

Toujours des va et vient, des commentaires. Des gens qui ont mis leur casque à plein volume. Le courant d'air qui me frigorifie les mains (j'ai gardé ma veste et mon écharpe).

Dans ce désordre, n'importe qui peut tricher, parler avec son voisin, rallumer son téléphone, aller aux toilettes sans s'annoncer...

Impossible d'arrêter le test ou de faire une pause. Tout se déroule par Internet, sur ordinateur.

J'ai vraiment très très très faim. Je rêve du morceau de brioche que j'ai heureusement veillé à prendre avec moi, mais qui se trouve dans l'autre salle. Ici, on n'a droit à rien d'autre que son passeport.

La salle se vide lentement, très lentement. Certains continuent à discuter entre eux, mais je ne sais même pas pourquoi.

A 13h35, enfin la pause. Juste le temps de courir aux toilettes, d'engloutir ma brioche et d'échanger deux mots avec une fille qui a terminé son test.

Je pique en vitesse le crayon et les feuilles de mon voisin qui est parti. Nous ne sommes plus que 2-3 dans la salle. C'est gênant d'entendre les autres parler en gueulant dans leur microphone. Le personnel n'arrête pas d'aller et venir pour allumer et éteindre les postes de travail désertés. On entend les gens dans le couloir se plaindre. J'ai l'impression que ma tête va exploser, et en plus je dois entamer la partie "Speaking", que j'appréhende le plus.

Après le test

Finalement, je suis arrivée au bout. Mais dans quel état ? Je suis lessivée. Je n'ai jamais passé de ma vie un examen dans des conditions aussi déplorables. Les correcteurs ne vont certainement jamais tenir compte de cette situation exceptionnelle dans leur évaluation, mais j'ai pris quand même la peine d'écrire à l'administration du test pour me plaindre. Payer USD 250.-- pour un test sur du matériel antédiluvien qui ne fonctionne pas correctement, avec plus de 2 heures de retard, dans un froid de canard, avec juste un mini crayon à mine que l'on ne peut pas tailler et deux feuilles de maculature, si ce n'est pas de l'arnaque, je me demande de quoi il s'agit.

Résultats (Mise à jour du 20 novembre 2013)

Hier soir, exactement 10 jours après les examens, j'ai reçu un email me notifiant la publication de mes résultats. Gros stress, le site d'ETS TOEFL iBT est saturé, je dois m'y reprendre à plusieurs reprises pour accéder à mon compte. Et là... c'est la fête, je saute de joie : 103 points ! (Je devais obtenir 100 points minimum, sur un maximum de 120). Reading 28, Listening 26, Speaking 23, Writing 26.

Conclusion

Il est possible d'obtenir un (très) bon score au TOEFL iBT sans suivre de cours de préparation en école de langues (Kaplan, WallStreet English, Berlitz et compagnie), en trois semaines de préparation légère (1-2 heures par jour de lecture et visionnage de vidéo sur YouTube), et dans des conditions d'examen épouvantables...

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