7 août 2014


Demain vendredi 8 août, 13h30, les derniers examens de cette session de LLM à Berkeley, première année. Le programme de cette première se terminera donc officiellement demain, mais seulement à 16h30 avec la fin des examens. C'est tout de même une drôle d'expérience, de redevenir étudiante, quand on a terminé ses études il y a 10 ans. Il faut de nouveau se soucier des révisions, d'être présente aux cours, de faire ses devoirs, fréquenter la bibliothèque et d'autres camarades, avant de passer des examens parfois contraignants.

Donc, ce sera un examen de droit des brevets. J'ai presque 100 pages de notes que j'ai dû préparer, ainsi que 350 pages à lire environ. J'ai compilé plus de 1130 pages de présentation Outlook et lu des dizaines de résumés de décisions rendues par la Cour Suprême des États-Unis en matière de brevets. J'ai appris plein de choses intéressantes, notamment qu'il faut payer plus de USD 35'800.-- pour les frais de procédure de contestation de brevets (Post-Grant Review, PGR), contre EUR 705.-- pour son équivalent, une opposition devant l'Office européen des brevets. Aux États-Unis, un litige en matière de brevets coûte donc facilement USD 1 mio, car s'ajoutent les frais d'avocats, totalement sidéraux.

Et quel est le rapport avec la photo ci-dessus ? C'est un arbre à souhaits, comme on en trouve au Japon. Souvent, les étudiants viennent y attacher leurs vœux la veille de leurs examens. C'est ce que j'ai fait aujourd'hui, l'arbre se trouvant juste en face de mon logement à Berkeley. Les propriétaires avaient même laissés des stylos pour que les passants puissent écrire leurs vœux. Donc, j'ai demandé à réussir mes examens de demain...

Alors, voici mon bilan pour cette première année :

Les professeurs

Je suis impressionnée par leur niveau de connaissance. Ce sont tous des sommités dans leur domaine, qui ont publié énormément d'ouvrages spécialisés et donnent régulièrement des conférences dans le monde, pour la plupart. Ils ne sont pas tous âgés et grisonnants, mais ce sont des professeurs de droit, hein : usage de rétroprojecteur 1.0 (avec écriture au stylo-feutre sur des feuilles transparents - cela ne vous rappelle rien ?) et diaporamas Powerpoint avec cliparts à foison; aucun ebook (.EPUB, .PDF ou .MOBI) de leur livre de référence n'est disponible, on doit pour chaque cours acheter des livres qui pèsent dans les 2-3 kilos et qui font tous plus de 1'000 pages d'épaisseur.

Mais, par rapport à l'enseignement reçu en Suisse, je dirais qu'ils sont tous plus enthousiastes que les professeurs souvent tristounets que j'ai pu avoir. Ici à Berkeley, on voit que les évaluations de fin de cours pèsent concrètement sur la qualité des cours et surtout la disponibilité des professeurs. Tous insistent largement sur leurs heures de consultation à l'université, où l'on peut venir poser des questions ou simplement discuter d'autres choses (si, si). Ils cherchent à susciter la réflexion des étudiants, n'hésitent pas à interpeller l'auditoire et poser des questions (méthode socratique). Il n'y a eu que 2 cours ex cathedra. Tous les autres requièrent des étudiants qu'ils participent, et c'est très motivant !

Les cours

La charge de travail est assez importante, il faut tout de même se concentrer et ne pas perdre trop de temps pour pouvoir suivre les "assignments" (devoirs) demandés, généralement des lectures de plus de 50 pages par jour. Mais, pendant les cours eux-même, l'usage de l'ordinateur (ou de l'iPad) est généralisé pour prendre des notes. Rares sont ceux qui recourent encore au stylo... sauf pour le cours d'introduction à la propriété intellectuelle (Prof. Menell), qui refuse les ordinateurs pour prendre des notes sous prétexte qu'ils nuiraient à la concentration.

Les cours durent 3h30 le matin, un peu moins l'après-midi, mais il faut rester concentré car le rythme est soutenu. Il y a des jours où l'on a juste l'impression de courir un marathon sans reprendre son souffle. Mais, tous ont été relativement bien organisés, suivant un "syllabus" (sommaire de cours) précis.

BerkeleyLaw en général

J'en avais déjà parlé dans un précédent billet, mais il n'y a pas de doute, les lieux sont impeccables, propices aux études, la bibliothèque est luxueuse et agréable, les employées de l'administration du LLM sont charmantes, essaient de faire de leur mieux pour aider les étudiants, et la situation du campus à Berkeley, idéale pour vivre, manger, visiter, se relaxer...

Si c'était à refaire (c'est-à-dire, se réinscrire à ce programme de LLM Professional Track à UC Berkeley) je le referais sans hésiter. C'est cher, c'est fatigant, c'est contraignant, c'est loin de chez moi en Suisse, cela demande quelques sacrifices et ajustements, mais j'ai vraiment appris énormément de choses en l'espace de 3 mois, non seulement sur le droit américain mais aussi dans mon domaine, la propriété intellectuelle, et je ne regrette pas du tout cet investissement. D'autant plus que parallèlement aux études, il y a la centaine de camarades du monde entier, tous des professionnels du droit (juges, avocats, juristes, examinateurs en brevet, experts en sciences forensiques...), qui apportent beaucoup à l'enrichissement personnel aussi. On dit généralement "deux juristes, trois opinions", mais que dire quand on vient de pays et cultures différentes ?

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