10 déc. 2014

Popcorn Time
La réponse, je la donne tout de suite : Popcorn Time, même s'il s'agit d'une solution contestée par l'industrie cinématographique (espérons d'ailleurs qu'elle ne connaisse pas le même sort que ThePirateBay, victime collatérale des dernières attaques subies par Sony Universal). En tant que simple usagère et amateur de cinéma et séries diverses, l'alternative pas tout à fait légale à Netflix s'impose. Mais, en tant que juriste en propriété intellectuelle, je déplore qu'il n'existe rien d'équivalent en terme de rapidité, choix et efficacité du côté de l'offre "normale".

Je dispose d'un accès à Netflix version étasunienne depuis quelques années, auquel j'accède au moyen d'un service VPN. L'abonnement est proposé à un prix assez modique (environ CHF 8,50.-- par mois) et il permet d'avoir accès à un grand catalogue de plus de 100'000 films et séries, sans commune mesure justement avec la version suisse de Netflix.
Netflix Suisse
Parlons un peu de ce Netflix à la sauce suisse, qui a été lancé en septembre dernier en fanfare, mais qui est littéralement... honteux, et de sucroît pour CHF 11.90 à 17.90 par mois. Aucun film datant de moins de 3 ans n'y est proposé, quand bien même la Suisse ne fait pas partie de l'Union européenne et ne possède pas de réglementation en matière de chronologie des médias comme en France. En plus, on n'y trouve que des block-busters, des films à succès américains et aucun titre un peu excentrique et exotique, très peu de films français, une mini-poignée de films allemands. Art et essai, humour, reportages hors des sentiers battus, on oublie. Du côté des séries, rien d'excitant non plus, assez peu de séries disponibles en français ou sous-titrées en français. Le plus gênant :
Otages de Microsoft Silverlight !
  • pour savoir justement que cette offre est pauvre et limitée, il faut s'inscrire au service et y laisser ses données de carte de crédit
  • on est otage de Microsoft Silverlight et on nous oblige à ne pas surfer en mode de navigation privée (sauvegarde de l'historique)
  • on nous force à nous connecter sous notre compte Facebook pour partager avec nos amis ce que l'on est en train de regader ! Inadmissible.

Je m'en f... de ce que regardent mes amis Facebook ! Impossible de retirer cette fenêtre.
Il y a tout de même deux points positifs chez Netflix :
Section "Kids" de la plateforme Netflix suisse
  • une section "Kids" assez riche, séparée (mais vous pouvez oublier les hits récents comme la Reine des neiges ou l'Aventure Lego !)
  • de nombreux films en HD, voire Ultra-HD si disponibles
De l'autre côté de la barrière, téléchargeable gratuitement sur plusieurs sites et pour un grand nombre de plateformes différentes (PC, Mac, Linux, Android, iOS jailbreaké...), Popcorn Time. Il s'agit d'un logiciel très simple, qui permet de visionner en streaming du contenu transféré par le système du peer-to-peer, et qui n'est donc pas stocké sur des serveurs en particulier, mais partagé entre tous les usagers. On se trouve donc dans une zone grise, puisqu'il ne s'agit pas vraiment de diffusion de contenu piraté, mais seulement d'un moyen d'accéder à ce contenu piraté.

Rappelons qu'en Suisse, la reproduction et le téléchargement de fichiers protégés par le droit d'auteur destiné à un usage personnel, dans le cercle de la famille ou avec des amis, est autorisé (art. 19 al. 1 let. a LDA). La diffusion de contenu protégé est par contre interdite...

Alors, qu'y a-t-il de si bien avec Popcorn Time ?
  • Tout d'abord, c'est entièrement gratuit.
  • Le catalogue est énorme. Quand je dis énorme, c'est qu'il contient des milliers de références. On n'y trouve pas tout, évidemment, mais une bonne partie de tout ce que l'on peut chercher lorsque l'on a envie de voir un bon divertissement. Évidemment,  plus le film est ancien et produit loin d'Hollywood, plus il est difficile de pouvoir le voir.
  • Ensuite, le logiciel peut être utilisé dans une douzaine de langues différentes, y compris le français.
  • L'interface est très claire et intuitive. Sobre et minimaliste, on ne nous assomme pas avec une liste de films pourris qui seraient soi-disant ceux qui correspondraient à nos préférences, sur la base de ceux que l'on a déjà vus. On se trouve devant une fenêtre avec les affiches de films et des séries, dans un ordre assez aléatoire. Il suffit d'en piquer un au hasard ou d'effectuer une recherche par mot clé.
  • Les usagers peuvent noter les films et séries sur 5 étoiles. Le jugement des internautes  peut donner quelques indications sur la cote de popularité du film... ou pas, mais cela permet d'éviter les grosses daubes indigestes.
  • La plupart des films sont disponibles avec des sous-titres en français, de taille ajustable, lorsqu'ils sont en version originale dans une langue étrangère (l'anglais, le plus souvent).
  • Le chargement des films et séries est très rapide, puisque cela démarre avant même que le contenu soit entièrement "téléchargé".
  • Pas de classements superflus, juste par "genre" : action, aventure, musical, documentaire, histoire, horreur, etc.
  • Il existe même une fonction VPN intégrée, qui ralentit passablement le débit, mais qui pourrait donner la conscience tranquille à qui se sentirait gêné d'alimenter le seed en utilisant Popcorn Time.
Voilà, à vous de choisir maintenant. En espérant qu'un jour les grosses sociétés de production de l'industrie cinématographique se rendront compte que ce n'est souvent pas de gaieté de cœur que les internautes recourent à des méthodes alternatives pour occuper leurs soirées devant l'écran, c'est parce qu'il n'existe rien de mieux. A quand une licence universelle, qui nous donnerait accès à tous contenus multimédias contre un forfait annuel raisonnable ? (Un peu sur le même modèle que Spotify, tiens.)

2 commentaires :

  1. Salut Klerelo,
    Je voulais avoir ton avis sur ce lien en rapport avec ton article :
    http://rue89.nouvelobs.com/rue89-culture/2014/11/08/si-pensiez-pouvoir-regarder-films-peinards-popcorn-time-255922
    Cela ne me semble pas si simple...
    Et bravo pour tes articles !

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  2. Mon avis, en toute sincérité, c'est que ces lettres, du même style que celles qu'envoie massivement une société comme Getty Images, d'ailleurs, sont des menaces destinées à effrayer le péquin. Le but poursuivi ? Obtenir un maximum de "compensation" financière en agitant l'épouvantail des poursuites judiciaires. Il s'agit d'un épouvantail, car hormis leur coût élevé, il s'agit également pour le plaignant de démontrer qu'il y a bien eu violation de ses droits d'auteur par partage de fichiers (donc interventions auprès du provider, saisie du matériel informatique au domicile, etc.). Le procédé est lourd, lent et cher et même s'il doit servir d'exemple, le système suisse ne pourrait infliger que des jours amende, au pire. On est loin des millions de dollars d'amende de certaines "punitive damages" prononcés aux USA.

    A ma connaissance, en Suisse, les très rares personnes condamnées pour du partage de fichiers par peer-to-peer l'ont été uniquement en raison de l'importance du partage (plusieurs centaines à plusieurs milliers de fichiers partagés). Le téléchargement destiné à un usage à titre personnel et privé n'étant pas répréhensible sous l'angle du droit suisse, je ne me fais pas trop de souci pour ceux qui utiliseraient PopCorn Time pour visionner un film ou une série même chaque jour, car le partage (upload) de fichiers demeure assez limité à travers ce système. Sans parler justement d'une différence de taille avec les logiciels classiques de peer-to-peer. Ici, le fichier est stocké de manière temporaire sur l'ordinateur qui renvoie les données !

    Bref, selon moi, en Suisse, il n'y a pas d'infraction à la LDA quand on utilise Popcorn Time, même s'il s'agit d'une zone grise, certainement, en raison de la particularité du fonctionnement de ce logiciel. En tout cas, en ce qui me concerne, si je devais recevoir moi-même un tel courrier, il est certain que je ne paierais pas un franc et n'y donnerais pas suite !

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