31 juil. 2014

A manger, lire et écrire pour mes examens.
Voici un titre bien racoleur, qui évoque ces livres classés au rayon "self-help" des librairies que l'on trouve aux États-Unis : "Comment réussir sa vie et être heureux", "Comment devenir riche sans trop réfléchir", "Comment se faire obéir par ses enfants sans leur crier dessus"... Enfin, vous voyez. On vous appâte avec une très grosse introduction, enrichie d'exemples banals, puis finalement on vous livre des conseils tellement plein de bon sens que vous les appliquiez déjà (sans être parvenu pour autant à devenir heureux, riche, ni à vous faire obéir de vos enfants sans leur crier dessus, las).

Il faut bien parler des examens, étapes indispensables de tout parcours scolaire et académique. Pour ce qui est de ce LLM à l'université de Berkeley, peut-être que certains seront intéressés de savoir comment cela se passe et comment les réussir. Enfin, le mieux possible. Donc, voilà, j'ai décidé de leur consacrer un article à part, même si j'ai déjà évoqué ce sujet ici.

Suivre les cours, étudier et potasser, c'est bien, mais c'est parce qu'il y a des examens toutes les trois semaines environ. Dans la version "professional track" de ce LLM, on enchaîne donc 12 jours de cours intensifs de 3h30, puis on a généralement un jour de pause avant les examens, qui ont lieu soit le matin à 9h30, soit l'après-midi à 14h, comme celui d'introduction au droit américain. Comme les jours de cours sont condensés, il faut lire et relire ses notes et les ouvrages de référence régulièrement, chaque jour, pour préparer les cours du lendemain. C'est astreignant... et personnellement, je n'ai pas pu le faire aussi régulièrement que je le souhaitais, surtout depuis que mes minis-K. m'ont rejointe ! Impossible de lire 50 pages par soir quand on doit attendre que les petits guignols se sont assoupis, vers 20h, puis dîner soi-même, s'adonner au plaisir du rangement (de la vaisselle, des jouets, des habits qui traînent)...

J'aurai d'ailleurs encore des examens la semaine prochaine.

Avant les examens

Le plus important, donc : suivre les cours assez attentivement pour rédiger son propre résumé du cours. En anglais, ils appellent ça un outline. Ces résumés de chaque matière se trouvent parfois sur internet, parfois sous forme de fiche condensée payante (Lean Sheet, QuickStudy, etc.), mais souvent se transmettent de génération en génération d'étudiants. Sur ces outlines, on a le squelette du cours, une liste des éléments les plus importants à retenir, les définitions essentielles et les cas de jurisprudence (il s'agit tout de même de Common Law) les plus capitaux. Bref, il s'agit d'un écrémage salutaire qui évite de devoir coller des Post-It et annoter des dizaines de pages d'un livre de référence qui comprend souvent bien plus de 1'200 pages !

Pour obtenir un outline, pas de secret : discuter avec les camarades, se lier avec eux, passer de bonnes journées et soirées en leur compagnie pour mieux les connaître, car ceux-ci sont susceptibles eux-mêmes de connaître d'autres camarades qui ont déjà suivi les cours ou qui ont reçu des notes de leurs prédécesseurs... En plus, vous vous ferez des amis pour la vie et apprendrez plein de choses sur les 40 autres pays dont ils proviennent, aurez l'occasion de pratiquer votre anglais, votre chinois, votre allemand ou que sais-je. Et ça, c'est inestimable.

Mais si vous n'y parvenez pas, voici déjà mon outline de droit des contrats (Contracts - Prof. R. Infelise). J'en partagerai probablement d'autres prochainement.

La veille de l'examen, il vous faudra bien relire au moins une fois cet outline et souligner tous les points qui vous semblent les plus importants. Les autres, oubliez-les, vous n'aurez pas le temps de les explorer de toute manière.

Et comment se passent les examens alors ?

Il y en a de deux sortes : "in-class exams", qui se déroulent généralement sur 3 heures dans une salle de Boalt Hall, ou "take-home exams", sur 3 à 24 heures, qui impliquent de travailler chez soi ou à la bibliothèque pour fournir un travail plus consistant (généralement), à transmettre par courriel avant l'heure dite. Dans tous les cas, on peut utiliser son ordinateur portable personnel ou même, son iPad, pour rédiger ses réponses d'examens ! Une idée qui me semblait totalement surréaliste avant d'arriver à Berkeley...
Chaque étudiant reçoit un numéro d'examen qui permettra de l'identifier tout en lui garantissant l'anonymat. Il ne faudra jamais laisser son nom nulle part sur sa réponse d'examen.

Tout en respectant le code d'honneur de la faculté, on peut aussi, pour la plupart des matières, avoir accès à toute la documentation de son choix. Il s'agit donc d'"open book exams". Eh oui, malgré la rédaction des réponses sur ordinateur et leur envoi par internet, on reste chez des professeurs de droit : aucune documentation électronique n'est autorisée (sauf dictionnaire de langue... en ligne !), mais tout est consultable... uniquement sous forme papier. C'est assez compréhensible finalement, car malgré le fait que l'on puisse utiliser un ordinateur pour taper ses réponses, certains ne voudront ou pourront utiliser que leur stylo et leur "blue book", un cahier fourni par la faculté de droit pour y consigner ses réponses à la manière traditionnelle. Pour ne pas défavoriser ces personnes, il est interdit de copier-coller ses notes de cours sur son examen.

Dans la salle : 1 "proctor" qui donne les consignes, entouré de deux assistants qui distribuent les questions d'examen, des crayons et des boules Quiès. Oui, on peut sans problème obtenir de quoi se boucher les oreilles si on ne supporte pas le cliquetis de 100 claviers en simultané. Et... c'est tout. Aucune surveillance particulière pendant les examens, mais la délation des éventuels cas de tricherie (ou d'infractions au code d'honneur) est encouragée. On peut librement se rendre aux toilettes, boire et manger, consulter ce que l'on veut sur son ordinateur, et même partager un manuel avec son voisin de table (une chaise libre entre chaque personne)...

Les questions d'examen peuvent se présenter sous la forme de QCM, de phrases à trous à remplir, de courtes questions à répondre en une ligne, de cas à résoudre ou carrément de sujets de dissertation.

A la fin, le fichier doit être téléchargé sur le site de la faculté, au moyen d'un autre code particulier. Il est interdit de continuer à écrire après la fin annoncée de l'examen, sous peine d'infraction au code d'honneur et que ce soit considéré comme de la tricherie !

Et les notes ?

On les trouve en ligne sur BearFacts (Students > Academic Record > Current Term Grade > Select Grades: Summer Final Grades > Go), le site d'administration individuel internet de UC Berkeley. Il n'y a pas vraiment de notes, mais une évaluation : soit on passe (P), soit on rate (NP). Et si l'on est brillant par rapport à ses camarades, on a droit à des honneurs (H) ou de très grands honneurs (HH). Pour obtenir les honneurs, il vaut donc mieux s'entourer de camarades aux prestations médiocres...

Contrairement à ce qui se pratiquait dans mon université suisse, à Berkeley, les résultats peuvent mettre plusieurs semaines à être publiés. Alors, patience.

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